Drapeau de Sardaigne par Jaume Ollé

 

 

Jacques VAN HAELST

bpc@chello.be

 

Il y a 2 ans, alors que nous traversions la méditerranée en route pour Tunis, nous avions longé la côte sarde, effleurant rapidement la Costa Smeralda, Arbatax et Villasimius.

Il m’en restait un petit goût de « revenez-y »…

En septembre 2002, je lançais l’idée d’un tour de l’île au départ de la côte italienne.

Dans les mois qui suivirent, je m’appliquais à la préparation de ce que je voulais être une croisière, certes sportive, mais pas un raid. Des vacances quoi !

Après une soirée de présentation du projet, en début d’année, 4 équipages ont répondu présents.

Eric et Jacqueline Beague sur RIC III, Tornado de 7.30m, 200 cv Mercury Optimax

Jean-Pol et Chantal Cattelain sur MORIKO, Tornado de 7.30 m, 200 cv Mercury Optimax

Alexandre et Rony Notez sur AXEL, Zodiac Medline II, 6 m, 150 cv Mariner Optimax qui, contrairement aux autres, se lancent pour la première fois dans ce genre d’aventure.

Et votre serviteur ainsi que son épouse, Jacques et Annie Van Haelst sur JOUFFLU, Tornado de 5.50 m, 175 cv Mercury Optimax.

Quatre couples, bien équipés, sérieux (en mer) et disposant d’un matériel homogène.

Nous logerons sur les bateaux, y adaptant un minimum de confort, douche, frigo, parasol…

Nonobstant le confort, il est indispensable de peaufiner le matériel, trousse de secours, outillage,  matériel de navigation et accastillage du bateau.

 

Afin d’éviter les grandes transhumances, le départ est fixé fin juin. Rendez-vous, le vendredi 27, à Piombino (en face de l’île d’Elbe) à la pension Zia Seconda, bien connue du Club pour avoir, depuis de nombreuses années, hébergé en toute sécurité voitures et remorques lors de nombreux tours de Corse.

Les équipages

 

Eric & Jacqueline Beague

JP & Ch Cattelain

Alex et Rony Notez

Annie Van Haelst

Jacques Van Haelst

 

Le récit
(cliquez sur les photos pour agrandir)

Samedi 28 juin, le départ… (106 NM)

Nous mettons à l’eau dans le port industriel de Piombino, parmi les embarcations de pêche.

Pendant que nous ramenons voitures et remorques chez Zia, les épouses gardent les pneus sous les parasols. Départ 13.30 h, mer belle, direction Porto Vecchio, à 200 km….

Par le sud-est de l’île d’Elbe, nous nous dirigeons vers la bouée « Africa » d’où l’on peut apercevoir l’île de Monte-Cristo, ensuite cap sur la Corse que nous atteignons vers 18.30 h.

Nous passerons la nuit au port, dont il faut souligner le règlement surprenant, toilettes et sanitaires fermés de 19.30 à 09.00 h !.... Du jamais vu.

Bouée << Africa >>


Mouillage Rondinara

Dimanche 29 juin, Porto Vecchio – Rondinara  (14 NM)

Après la longue journée d’hier, notre choix se porte sur cette baie remarquablement protégée, pour une journée de repos et de baignade. Nous passons la nuit dans cet endroit idyllique.

Lundi 30 juin, la Sardaigne  (34 NM)

Après un bon petit déj. sur la plage, direction Sardaigne, non sans faire un détour pour visiter les Lavezzi, ces magnifiques îlots rocheux, écueil notoire des bouches de Bonifacio.

En début d’après-midi nous arrivons à Palau. Après la sieste, Eric accompagnera les dames pour faire les courses sur l’île de Maddalena au port de la Cavetta.

Nous passerons cette nuit encore au mouillage dans une des nombreuses criques de la région.

Passage aux îles Lavezzi

MORIKO

Mardi 1er juillet  (47 NM)

Nous descendons au sud, goûtant plus avant les subtilités de la Costa Smeralda (côte d’émeraude) et en visitons la perle : Porto Cervo.

Rendez-vous de la jet set, ce port est le plus beau qu’il m’ait été donné de voir, le luxe y côtoie le raffinement et le bon goût. Une harmonie rare a été préservée entre le cadre naturel et l’infrastructure portuaire, c’est réellement splendide.

Après un pique-nique au fond du golfe de Cugnana, nous prenons la direction d’Olbia.

Mais, comme beaucoup de ports de commerce, Olbia est décevante, sans intérêt, si ce n’est son super marché pour le ravitaillement.

L’énorme baie qui abrite la ville mérite elle le détour avec ses plages et ses rochers dont la fameuse Tavolara qui orne l’embouchure. C’est dans ce cadre que nous installons notre bivouac. Peu après le repas, le vent se lève et nous passerons une nuit fort chahutée sur nos embarcations qui, toute la nuit durant, solliciteront sérieusement les apparaux de mouillage.

Mercredi 2 juillet  (17 NM)

Avec l’accalmie du matin nous quittons notre havre et prenons la direction de Puntaldia pour faire de l’essence. Nous découvrons une superbe marina, dans le style de Porto-Cervo, quoique plus modeste. Charmés par l’endroit nous y passerons la nuit, après avoir flâné par les patios et les boutiques durant la soirée.

PORTO CERVO

MORIKO - ARBATAX

Jeudi 3 juillet  (58 NM)

Toujours plus au sud, nous longeons, par un agréable 3 bft, la côte ponctuée de nombreux ports de plaisance et de villages de vacances bien imbriqués dans le paysage. Au Cap di Monte le ciel se couvre légèrement et nous arrivons à Arbatax, où le personnel du port se souvient de notre passage il y a deux ans. Je ne peux m’empêcher de songer à Simenon qui, lui aussi, a fait escale ici et dont bien souvent je suis les traces nautiques, 75 ans plus tard.

Nous y restons deux nuits tant est grand l’attrait du restaurant du port et de son menu gargantuesque.

Vendredi 4 juillet  (11 NM)

Journée de repos, cartes postales et, sur le bateau d’Eric, visite des plages. Il en profite pour démontrer une fois encore les possibilités de son Tornado et de sa puissante motorisation.

RIC III

PUNTALDIA

Samedi 5 juillet  (58 NM)

Direction Villasimius, un vent de 3 puis 4 bft nous souffle dans le nez, la mer est belle et nous allons bon train, à la mi-journée nous faisons halte en mer, devant porto Corallo, pour déjeuner.

Non loin de l’objectif, en vue de l’îlot dei Cavoli et du cap Carbonara le vent forcit, 5 puis 6. La progression des derniers milles est lente et pénible, c’est sous la barre des 10 nœuds que nous contournons le cap pour atteindre le port vers 15.00 h.

Les marins du port nous confirment le « Mistrale » vent qui, de même direction, était appelé quelques jours plus tôt Siroco par d’autres… Allez vous y retrouver dans ces appellations d’origines peu contrôlées !

Le port de Villasimius est toujours aussi peu attrayant, pas de commerces, peu d’activité, il nous faut rejoindre le camping d’à côté pour nous réapprovisionner et assurer le couvert.

Dimanche 6 juillet  (22 NM)

En route de bonne heure, nous abordons dans la matinée Cagliari, la grande ville du sud.

Le port n’est guère attirant mais bien rempli, situation liée sans doute à la course de bateaux formule 1 qui s’y déroule ce week-end.

Nous visitons sommairement la vieille ville et plus attentivement le superbe musée archéologique, après quoi nous ne résistons pas à la compétition motonautique. Elle se déroule sur le vaste plan d’eau du port. Impressionnant, le bruit est colossal, les gerbes d’eau virevoltent sous l’éclat du soleil, les bolides filent à environ 200 km/h, de la folie…

Course motonautique à Gagliari

Nora à Pula

Lundi 7 juillet  (36 NM)

Nous continuons notre progression au sud et vers l’ouest, visitons les très beaux vestiges puniques et romains de Nora à Pula. Le cadre est magique, les anciens ne se sont pas installés aux endroits les plus moches, la configuration du site leur offrant deux ports naturels choisis alternativement en fonction du vent.

Nous découvrons ensuite les belles plages de sable blond avant d’atteindre la baie de Teulada et son port moderne sans aucune commodité. C’est encore un camping tout proche qui nous sauvera la mise.

Mardi 8 et mercredi 9 juillet  (34 NM)

Nous avons atteint le point le plus méridional de notre périple, doublant le cap Teulada nous remontons vers les îles de San Antioco et San Pietro.

Le vent a tourné avec nous et, une fois encore, il nous fait face, modéré mais résolu.

Nous prenons la direction de Carloforte. Bien nous en prit, l’endroit est parfait, le port se dessine bordé de maisons basses et de superbes palmiers, il y règne une atmosphère qui rappelle les villes blanches d’Afrique du nord. D’emblée, à l’accostage dans la marina « Sifredi » (ça ne s’invente pas), nous décidons de passer deux nuits sur place.

Plus encore que partout ailleurs l’ambiance est calme, bon enfant, le centre ville est piétonnier et nous prenons un réel plaisir à le parcourir en tous sens.

Les dames léchent les vitrines des boutiques de mode, les hommes, celles des shipchandlers aux prix attractifs.

Grottes de Neptune

Pain de sucre Buggerru

Jeudi 10 juillet : Carloforte - Torre Grande  (54 NM)

Objectif, le golfe d’Oristano, à vive allure nous avalons les milles.

Aux abords de Buggerru, nous longeons la côte au plus près pour contempler le pain de sucre, les anciennes mines désaffectées et le port très particulier qui, dans la première moitié du 20e siècle, servait à évacuer le minerais.

Vers midi, nous profitons d’une mer plate pour déjeuner au large et savourer le calme pendant plus d’une heure. Nous abordons ensuite le vaste golfe,  la mer y est d’huile, il est bordé d’étangs et de marécages pas toujours engageant. Au cap San Marco, subsistent quelques vestiges de l’ancienne Tharros elle aussi d’origine punique et romaine. Nous passons la nuit dans le  port de Torre Grande, la chaleur y est toujours aussi lourde, en journée nous subissons, depuis le départ, des températures de l’ordre de 40° à l’ombre.

Vendredi 11 juillet  (50 NM)

Au moment de quitter le golfe, Alex est contrôlé par « la guardia di finanzia », contrôle de routine, pas de problème.

Par une mer à nouveau très calme, nous voguons à 25 nœuds, cap au nord,

Pointe de vitesse dépassant allègrement les 35 nœuds puis, halte en mer au cap Marargiu.

Dans l’après-midi nous reprenons notre route vers Alghero, la ville du corail.

La voilà, d’allure mauresque, la ville espagnole se dessine au loin, bien campée sur ses remparts.

Le port est très grand et nombreux les bateaux qui tirent sur les pendilles.

En fin d’après-midi, nous effectuons ensemble un tour de la vieille ville en calèche. Cela nous donne une bonne idée générale de la vieille cité catalane.

Alghero

Samedi 12 juillet

Quartier libre, visite de la ville, souvenirs…

Cap Caccia

Dimanche 13 juillet  (48 NM)

Après les pleins, direction le cap Caccia, nous découvrons les grottes de Neptune.

Impossible de s’amarrer pour effectuer la visite touristique mais elle sera largement compensée par la découverte des nombreuses grottes avoisinantes seulement accessibles avec nos engins, nous pénétrons dans l’une d’elles, le spectacle est dantesque.

Une fois encore la mer est belle et nous déambulons paisiblement dans ce dédale rocheux.

Mais continuons le périple, à la punta Scoglietti, un petit break, le repos en pleine mer constitue un moment privilégié ; quatre bateaux épars sur un km², nous savourons ces instants avec délice.  Nous voilà déjà dans le nord et nous découvrons l’île (interdite) d’Asinara.

Nous empruntons le « passaggio di Fornelli » un mouillage parfait aux eaux turquoises.

S’il est toléré en journée, il est cependant interdit, nous ne pourrons y passer la nuit. La proximité d’un pénitencier sur Asinara explique probablement cela.

Nous optons pour Stintino, l’endroit s’avère également très agréable.

Lundi 14 juillet  (38 NM)

C’est ici que Jean-Pol et Chantal nous quittent, ils ont prévu de piquer sur la Corse (Ajaccio) et d’en faire le tour. Les veinards ont plus de congés que nous.

En fin de matinée, nous quittons le port à notre tour direction Castelsardo. La petite ville est impressionnante à l’abri de sa forteresse juchée sur un rocher ; le bourg occupe les parois en contrebas jusqu’à la mer.

Alors que nous venons d’accoster dans le port, un pneusard italien nous aborde et marque le plus vif intérêt pour nos bateaux. Il nous informe qu’il n’y a pas de carburant dans le port et que les magasins sont éloignés. Il nous suggère de progresser encore et de nous installer à Isola Rossa. Il nous confirme les bonnes prévisions météo, nous le remercions d’un petit souvenir BPC et du dernier Pneu. De fait, la marina y est plus sympa et les commerces jouxtent le port.

Castelsardo

joufflu à Porto Pozzo

Mardi 15 juillet  (34 NM)

Comme tous les matins, Alex annonce de manière péremptoire, « je crois qu’il va faire chaud aujourd’hui… » Et, comme tous les jours, ce fut le cas.

Prochaine étape, face à la Corse, Santa Teresa di Gallura. Une heure trente après le départ nous y débarquons, y déjeunons et faisons une fois encore les pleins, les derniers. Nous passerons l’après-midi et la nuit à Porto Pozzo, probablement un des meilleurs abris naturels de l’île situé à l’entrée nord de l’archipel de la Maddalena. Nous y procédons aux derniers checks avant la traversée de retour.

Mercredi 16 juillet : Sardaigne – Corse  (17 NM)

Mini traversée pour retrouver, dans la baie de la Rondinara, deux autres bateaux du Club en vacances en Corse (Serge et Guido).

Nous passons l’après-midi ensemble, au programme baignade, farniente et la belle histoire de tante Ariane, l’ambiance est au beau fixe, les 5 pneus ne manquent pas d’attirer l’attention, les 8m de Cham et les 7.30m de Ric III font l’objet de beaucoup de curiosité ! Ou serait-ce la présence de nos compagnes fort dévêtues ?

ELBE

Porto Flavia

Jeudi 17 juillet  (104 NM)

Après une dernière nuit sur le sol Corse et malgré une météo capricieuse, nous décidons de traverser. Nous remontons sur Solenzara et voyant la mer plus calme que durant la nuit nous mettons le cap sur l’île d’Elbe.

A 13.30 nous établissons le contact avec Benoît, un autre copain du Club, nous passerons le restant de la journée en sa compagnie. Il nous fait découvrir la région de Porto Azzuro

 

Vendredi 18 juillet  (16 NM)

Après une dernière nuitée à bord, nous regagnons Piombino, point de départ de ces vacances pleinement réussies.

Un coup de cœur particulier pour la petite île de San Pietro et Carloforte son port dont l’ambiance bercera longtemps encore mes souvenirs.

Merci à tous les participants que j’espère retrouver bientôt sur l’eau.

Jacques VAN HAELST

bpc@chello.be


Fiche technique de la croisière 

Distance totale parcourue :

798 NM

Vitesse de croisière :

20/25 nœuds

Temps Moteur :

48 heures (réf. RIC III)

 

Consommation

RIC III

JOUFFLU

Essence

880 litres

687 litres

Moyenne essence

1.10 l/mille

0.87 l/mille

Huile

25 litres

15 litres

 

Références Nautiques

Cartes Imay M8 & M9

Carte Sea Way Tioreneo Settentrionale 11

Bloc Marine Méditerranée

Références Touristiques

Guide Voir Hachette Sardaigne

Sardaigne les plus beaux rivages (Sardaigna Blu)

Pour plus de renseignements ou, si vous aussi souhaitez entreprendre ce genre d’aventure, n’hésitez pas à me contacter. Jacques VAN HAELST bpc@chello.be