Mercredi 9 août : (Porto Conte – Bosa : 29 miles)

Nous quittons notre mouillage pour rejoindre Alghero, superbe ville fortifiée aux accents catalans, en faisant un petit détour par Porto Conte. Le golfe de Porto Conte offre de bons abris avec de belles plages bordées de pinèdes.

 

 

Tour dans la rade d’Alghero.                                                                                 Porto Conte.

 

Arrivés dans le port d’Alghero, nous mettons un peu de temps pour trouver un emplacement. Finalement, on nous positionne au pied des remparts au milieu des yachts au… « Yacht Club ».

Nous déjeunons sur l’une des nombreuses petites places de la vieille ville au restaurant Posada del Mar.

 

   

 

      

Après un passage à la pompe, nous laissons derrière nous Alghero pour rejoindre Bosa. La côte propose un panorama toujours très proche de celui offert par le Cap Corse. Une route de montagne, probablement sympa à emprunter, suit le littoral. Quelques belles plages accompagnées d’eaux limpides longent cette côte. Comme d’habitude, le mistral fait des siennes. Associé à la houle et à la mer agitée, il nous empêche de jeter l’ancre dans plusieurs endroits magnifiques. L’idée de trouver un endroit abrité tourne un peu à l’obsession. Nous ne savons pas encore que cette « obsession » va nous accompagner durant les 20 jours restants !!!

 

Nous trouvons un mouillage très joli après le Capo Marargiu, Porto Managu, seul endroit entre Alghero et Bosa réellement abrité de l’ouest. Une petite plage borde le fond… tout comme les méduses qui nous empêchent de faire un plouf.

 

Nous devons patienter jusqu’à Tour Argentiera et ses grands bains creusés en alcôves dans la roche blanche. Pas mal de camping-cars se sont appropriés les lieux et des tentes sont montées dans les cavités offertes par les falaises. Assez étonnant.

 

 

 

 

Tour Argentiera et ses piscines creusées dans la roche blanche.

 

 

 

Peu de temps après, toujours accompagnés de notre cher mistral et de notre houle, nous arrivons sur Bosa, plus exactement la marina de Bosa. La ville se situe à 3 km dans les terres. Un bras de rivière permet de s’y rendre en bateau. Mais en ce mercredi, aucun bateau ne défie la houle pour rentrer dans la passe. Donc, notre exceptionnel courage nous conduit directement à la marina. Le capitaine du port, Renato, nous y reçoit. Nous sommes les seuls touristes avec le voilier de Sergio Tacchini. Très sympatique et accueillant, Renato nous conduira à Bosa pour y passer la soirée. Mieux, nous devions l’appeler pour qu’il vienne nous rechercher. Nous rentrerons à pied pour lui épargner cette corvée.

 

Contrairement à ce que nous avons pu lire, la ville de Bosa mérite le détour. Elle est adossée à une colline au pied d’un château fort. Les façades sont colorées. Les couleurs du soleil tombant nous incitent à user de la pellicule (ça commence à faire un peu ancien temps comme terme). Pendant ce temps, les 5 malheureux restos de la ville se sont remplis. Impossible de trouver une table. Donc, retour à pied au bateau et plat sous vide.

 

 

 

   Bosa.

  

 

   

 

Jeudi 10 août : (Bosa – Oristano : 45 miles)

Depuis notre départ de Stintino, nous avons régulièrement eu des contacts SMS ou téléphoniques avec Roberta, Giulia, Franco et Salvatore. La veille, ils ont mis 14 heures pour descendre de Stintino à Oristano. La mer a été très mauvaise. Ce jeudi, elle promet de l’être autant. Aussi, nous quittons Bosa assez tôt pour naviguer plus confortablement. Notre objectif est de relier Oristano où nos amis « italo-sardes » nous ont invités à les rejoindre.

Nous avions l’idée de passer en chemin une nuit sur l’Isola di Mal di Ventre, citée dans plusieurs récits et guides pour sa beauté et sa tranquillité. La météo devant se renforcer en soirée à force 6-7, nous décidons de rejoindre directement Oristano.

 

La côte que nous suivons depuis Bosa est très belle. Elle offre des plages sauvages, des eaux turquoises (qualificatif souvent employé), quelques marines de pêcheurs, notamment autour de Capo Mannu. Des falaises blanches ponctuent le tout.

 

  

 

 

Avant San Giovanni di Sinis.

  

Cabanes traditionnelles de pêcheurs en bois et roseaux,

malheureusement en voie de disparition.

 

 

Le capo San Marco, entrée du golfe d’Oristano, est passé à l’heure du déjeuner. Un superbe ponton équipe la première crique (la « Caletta »). Pour des raisons de respect de l’environnement, les bateaux ont l’obligation de s’amarrer à des bouées de couleur. L’endroit est magnifique. D’un côté le cap, de l’autre, les ruines romaine de Tharros.

Nous profitons de ce bel endroit, calme et abrité du vent… le temps que les gardes côtes délogent tout le monde en expliquant, sans être très sûrs d’eux, qu’il faut s’amarrer aux bouées rouges plutôt qu’aux… rouges (très légèrement orangées). Nous irons nous poster face à Tharros, où Giulia et Franco nous rejoindront un peu plus tard avec son frère et leur belle-sœur d’origine ajaccienne.

Une fois regroupés, nous filons à la façon italienne sur la marina di Torre Grande, c’est-à-dire à fond !!!

Une nouvelle fois,  le bateau  exige sa ration de sans plomb et nous prenons une place de port pour y passer la nuit. Avant, nos amis nous emmèneront découvrir les spécialités sardes (pain Carasau, seadas,…).

 

 

Vendredi 11 août :

Après une grasse matinée ponctuée à 6h du mat’ par le démarrage dans la douleur du moteur 2 temps de notre voisin pêcheur, nous rejoignons Giulia et Franco au pied de Tharros. Ils nous consacreront ainsi leur journée pour nous permettre de visiter Tharros et le Capo san Marco !

Leur sens de l’accueil nous épate encore. Encore merci.

La soirée se passera dans la maison de famille de Franco à San Giovanni di Sinis. Ce village est constitué de maisons basses, la plupart des rues sont en terre. Demeurent aussi quelques rares cabanes de pêcheurs en bois et roseaux. Le site voisin de San Salvatore sert, paraît-il, à tourner des scènes de films représentant des villages mexicains.

Nous découvrirons la Bottarga, des œufs de mulets séchés.

La soirée passée, nous nous quittons avec émotion et l’engagement de nous revoir.

 

La « Caletta ». L’église paléochrétienne San Giovanni, la plus ancienne de l’île.

  

 

   

 

  

 

  

 

   Ruines de Tharros.

 

 

   

 

 

Samedi 12 août : (Oristano – Carloforte : 50 miles)

La mer est annoncée agitée avec de la houle et le petit mistral force 5 habituel.

Donc, nous quittons le port à 7h du matin en direction de la Cala Domestica, qui d’après Franco, est un haut lieu de reproduction de l’espèce humaine. Nous ne pourrons malheureusement pas certifier ses dires. La houle d’ouest rentre dans la Cala et nous empêche d’y rester. L’endroit est toutefois superbe. Juste avant, nous avions longé sur 9 km les dunes de Piscinas. Hautes de 50 m et bordées d’eaux cristallines, elles présentent un réel intérêt. Ici aussi, l’état de la mer nous a empêché d’accoster.

 

 

Pan di Zucherro.

 

 

Après ces deux échecs, nous partons vers l’île de San Pietro via le Pan di Zucherro, illustré par de nombreuses cartes postales. Plus tard, nous jetons l’ancre à l’abri du mistral derrière l’île de Piana, petit satellite de celle de San Pietro. Cette île est privée. Un centre de vacances et un port privé l’occupent. Nous aurons ici droit aux spectacles navrants d’un départ de feu et d’un ahuri décidé à éloigner tous les bateaux de son île. Petite précision : ces deux scènes ne sont pas liées.

En fin d’après-midi, nous allons sur Carloforte, seule ville sur l’île de San Pietro. Comme d’habitude, nous commençons notre visite de la ville par celle des pompes à essence. Petite spécificité du jour : bien qu’il existe des pompes donnant sur le petit port de pêche, le pompiste va s’approvisionner à l’aide de jerricans à la pompe auto. Plus tard, nous accostons dans le port de plaisance. Les employés de la Marine Sifredi nous placent face à la ville « à l’italienne », c’est-à-dire à fond dans le port. Anna nous reçoit très agréablement à la capitainerie.

Carloforte propose un front de port magnifique, avec des façades colorées et des quais larges et animés. C’est le coup de foudre. Nous resterons deux jours.

 

Nous passons la soirée dans la ville. Tous les habitants donnent l’impression de s’être donnés rendez-vous dans la rue. Les discussions vont bon train. Il n’y a pas de stress. Vraiment un endroit très agréable. Nous dînons dans une pizzeria à deux pour 18 €, le repas complet avec boissons ! Les pizzas étaient bonnes (Resto alle due Palme).

 

 

  

 

   

 

 

Carloforte.

    

 

    

 

 

 


Petite suggestion de destination « vacances » : L’île San Pietro nous semble être un excellent lieu pour passer ses vacances. En dehors du caractère attachant de cette île, on peut raisonnablement couvrir en bateau depuis Carloforte une zone allant d’Oristano à Nora, quitte à bivouaquer sur les plus longues distances. Ainsi, chaque jour peut correspondre à une destination différente. Et ces destinations valent vraiment le détour !

 

 

 


Dimanche 13 août :

Si le mistral ne s’est pas levé, c’est parce qu’il ne s’est pas couché. Elémentaire. A l’opposé, notre nuit a été longue… comme une vraie nuit de vacances.

Au réveil, un petit sifflement nous interpelle. C’est le convertisseur sur lequel nous branchons en 220 volts le frigo qui nous alerte sur la faible tension des batteries. Résultat : plus de batteries. En gros, le capitaine a oublié de mettre en fonction le séparateur.

Un petit mot sur le frigo : heureusement que nous avions embarqué une glacière électrique. Le frigo n’a jamais vraiment fait de froid. A partir de ce jour, nous le débrancherons définitivement pour le transformer en… cave à vins.

Rien de grave, nous démarrerons plus tard grâce aux câbles que nous avions pensé à embarquer à bord. En attendant, nous profitons d’un petit déjeuner au cœur de la ville. Thé caldo, cappuccino, cornetti à la crema,…  Le bonheur.

 

Nous profitons de l’après-midi pour faire le tour de l’île. Les côtes sud et est proposent de belles criques abritées du mistral. Les petites falaises aux roches striées de rouge et de blanc sont superbes. Nous y coincerons le grappin avec obligation de jeter la corde et d’aller le chercher avec les palmes. La côte ouest, non protégée des vents dominants est très sauvage et accidentée. Remontant face au vent et à la mer, nous abandonnons l’idée d’un tour complet. Pourquoi se faire mal ? Nous reportons ce projet au lendemain en programmant de le faire dans le bon sens, à savoir par mer arrière. 

 

En soirée, nous nous ferons un resto à poissons, l’Osteria del Mar. Cette adresse ne nous déçoit pas, surtout la zuppa di cozze (soupe de moules).

 

 

  

Les anciennes conserveries de thon.

Autour de l’île San Pietro.